L'ENFANT YORUBA : Talking Drum!
De ces rochers
se sont jaillies les eaux sacrées
la lumière qui fait naître
l'humanité toute entière
Alors, dans les poussières du temps
dans les couloirs assombris de ces cavaliers
guerriers infatigables
du passé et du présent
Je sors ma tête
parmi les feuilles et les fleurs
je vois le monde
comme dans mes songes
ici l'air est chaud et la couleur est verte
Devant mes yeux touts nouveaux
je vois le temps se dérouler
comme le tapis d'orient d'Aladin
le temps s'allonge
se prolonge, plonge et comble l'espace
Moi, l'enfant Yoruba
la voix qui parle aux feuilles
la brise qui caresse les herbes
la voix hérisée d'une nuit calme
j'ai un pied dans ce monde
et un autre dans le monde qui m'a vomi
Moi, Babarinde, trop vieux pour vivre
trop jeune pour mourir
le maître de mon propre destin
je suis l'étoile illuminée
dans un ciel famélique,
le monde m'effraie, la vie me passionne
Je suis l'être et lettres
Homme et Mots qui dansent au rythme de la langue
Je suis le tambour battu
après l'éffort incessant
je tresse les fils du monde
ma voix est finement rauque
je crie fort, je tape des pieds
Je suis le chaméleon des bois
je m'adapte, je m'intègre
dans les couleurs, dans les mots
dans les pensées, dans la nature
Les rivières me connaissent
les fleurs me connaissent
les montagnes me sont fidèles
les forêts m'abritent
De mes ailes
de mes plumes et habits
je vais voler les cieux
sillonner les vallées et les creux des montagnes
voguer les océans
traverser les forêts marécageuses
survoler les volcans
où nos peines se consument
pour disparaître
Je prends vie, je m'incarne
en ce que tu vois
dans le sifflement d'un serpent à sonnettes. "
Extrait de "LE PAYS DES AIGLES VERTS", composition personnelle 1999.